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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/114

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du matin et l’excellence de ces fruits avaient excité notre appétit. La méthode taïtienne d’apprêter le fruit à pain et les autres alimens avec des pierres échauffées nous parut fort supérieure à celle de nos cuisines. Pour que rien ne manquât à son festin, notre hôte ouvrit cinq cocos, en les dépouillant de leur enveloppe avec ses dents ; il versa dans une coupe très-propre (c’était une écale de coco), la liqueur fraîche et limpide qu’ils renfermaient, et chacun de nous but à son tour. Les insulaires nous avaient témoigné de la bienveillance et de l’amitié dans toutes les occasions ; ils nous avaient toujours donné pour des bagatelles des cocos et des fruits quand nous leur en demandions ; mais nous n’avions pas encore vu d’exemples d’une hospitalité exercée d’une manière si complète. Nous tâchâmes de récompenser notre ami avec des verroteries et des clous, qui lui causèrent une joie extrême.

» Après avoir quitté cet asile de l’hospitalité patriarcale, nous continuâmes notre promenade dans l’intérieur du pays, malgré la répugnance de plusieurs Taïtiens : quand ils virent que nous persistions à le vouloir, la plus grande partie se dispersa au milieu des différentes habitations ; il n’en resta qu’un petit nombre pour nous accompagner et nous servir de guides au pied des premières collines. Laissant les huttes et les plantations des Taïtiens derrière nous, nous montâmes un sentier battu à travers des arbrisseaux, mêlés de plusieurs gros arbres. En