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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/119

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pain, de cocotiers et de bananiers, sur lesquels nous voyions déjà des bourgeons : les habitations des Taïtiens étaient aussi plus nombreuses, plus élégantes et plus neuves que celles des environs de notre mouillage. Dans une de ces habitations, qui était entièrement fermée de roseaux, nous aperçûmes beaucoup de paquets d’étoffes et des cases pour des boucliers qui, ainsi que la maison, appartenaient à Ouahitoua. Nous fîmes environ deux milles parmi des bocages d’arbres fruitiers les plus délicieux, au moment où les insulaires allaient à leurs travaux. Je reconnus bientôt les fabricans d’étoffe au bruit du maillet. Il ne faut pas supposer que les besoins de ces peuples les forcent à un travail constant ; car ils se rassemblaient en foule autour de nous, ils nous suivaient toute la journée, et quelquefois même ils négligeaient pour nous leurs repas ; cependant ils ne nous accompagnaient point sans quelque motif d’intérêt. En général, leur conduite à notre égard était douce, amicale, et même officieuse ; mais ils guettaient toutes les occasions d’enlever adroitement quelques bagatelles, et lorsque nous leur rendions les regards affectueux qu’ils jetaient sur nous, ils profitaient du moment pour nous dire d’un ton mendiant, tayopoë, ami, quelque chose. Soit qu’on leur accordât leur demande ou qu’on la refusât, leur amabilité ne diminuait pas. Si ces demandes devenaient trop fréquentes, nous avions coutume de les contrefaire et de répéter