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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/12

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plus difficile, pour ne pas dire impossible, de vider l’eau du vaisseau, si le volontaire s’était éveillé un peu plus tard. La présence d’esprit et le courage des officiers et des matelots devenaient inutiles, et nous aurions peut-être été engloutis par les flots au milieu d’une nuit très-sombre.

» Ce vent, accompagné de pluie et de grêle, soufflait quelquefois avec tant de violence, qu’on fut chassé fort loin à l’est de la route projetée, et qu’on perdait l’espérance de gagner le cap de la Circoncision. Mais le plus sensible de tous ces malheurs fut la perte d’une grande partie des animaux d’approvisionnement qu’on avait embarqués au Cap : ce passage brusque d’un temps doux et chaud à un climat extrêmement froid et humide affecta tout le monde sans distinction. Le mercure, dans le thermomètre, était tombé à 38°, tandis qu’au Cap il se tenait communément à 67, et plus.

» Chaque jour, à chaque instant, tout le monde s’attendant à voir terre, la plus petite circonstance relative à cet objet fixait l’attention. On examinait avec curiosité les brouillards que l’on voyait à l’avant du navire ; chacun désirait d’annoncer le premier la côte. La forme trompeuse de ces brouillards, et celle des îles de glace à moitié cachées dans la neige qui tombait, avaient déjà occasioné plusieurs fausses alarmes : l’Aventure avait aussi fait signal qu’elle voyait terre : un des lieutenans monta plusieurs fois au haut des mâts, et avertit le capitaine qu’il la voyait distinctement. Cette nouvelle amena tout le