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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/13

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monde sur le pont ; mais on n’aperçut qu’une immense plaine de glaces, brisée aux bords en plusieurs petites pièces. Un grand nombre d’îles de toutes les formes et de toutes les grandeurs se montraient par-derrière, aussi loin que pouvait s’étendre la vue : quelques-unes des plus éloignées, élevées considérablement par les vapeurs brumeuses qui couvraient l’horizon ressemblaient en effet à des montagnes. Plusieurs officiers persistèrent à croire qu’ils avaient vu la terre de ce côté.

» Bientôt on fut arrêté par une immense plaine de glace basse, dont on ne voyait point l’extrémité, ni à l’est, ni à l’ouest, ni au sud. Dans le nord, on aperçut des baleines et différentes autres espèces de cétacés, qui lançaient l’eau de la mer autour des vaisseaux.

» Des glaçons pendaient de tous côtés aux voiles et aux agrès. La brume était si forte quelquefois, qu’on ne voyait pas la longueur entière du vaisseau, et qu’on eut beaucoup de peine à éviter le grand nombre d’îles de glace qui l’environnaient. On en mesura une qui avait deux mille pieds de long, quatre cents de large, et au moins deux cents d’élévation. Suivant les expériences de Boyle et de Mairan, le volume de la glace est à celui de la mer, à peu près comme dix est à neuf ; par conséquent, selon les règles reconnues de l’hydrostatique, un volume de glace qui s’élève au-dessus de la surface de l’eau est à celui qui plonge au-dessous, comme un est à neuf. En supposant que