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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/122

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du côté des collines, malgré les sollicitations importunes des naturels, qui nous pressèrent de rester dans la plaine : nous reconnûmes tout de suite que c’était uniquement parce qu’ils n’aimaient pas la fatigue : mais, sans changer de résolution, et laissant derrière nous presque toute la troupe, nous gagnâmes avec un petit nombre de guides une ouverture entre deux collines. J’y trouvai plusieurs plantes nouvelles pour nous ; nous vîmes des hirondelles volant sur un petit ruisseau, qui roulait ses eaux avec impétuosité : nous côtoyâmes ses bords jusqu’à un rocher perpendiculaire revêtu de divers arbrisseaux, et d’où il tombait en colonne de cristal, en formant à son pied une nappe tranquille et limpide entourée de fleurs odoriférantes. Ce lieu, d’où nous découvrions la plaine sous nos pieds, et plus loin la mer, était un des plus beaux sites qui ait jamais frappé mes regards ; il rappelait à mon souvenir et surpassait les descriptions poétiques les plus riches. À l’ombre des arbres, dont les branches se courbaient mollement au-dessus des ondes, nous jouïmes d’une brise agréable, qui calmait la chaleur du jour : le bruit uniforme et imposant de la cascade n’était interrompu que par le gazouillement des oiseaux : dans cette position, nous nous assîmes pour décrire nos nouvelles plantes avant qu’elles se fussent flétries. Les Taïtiens, nos camarades, nous voyant occupés, se reposèrent aussi parmi les arbrisseaux, et ils nous