Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Le prince nous reconduisit jusqu’au rivage. En marchant, il quitta sa gravité, qui ne lui était pas naturelle, et il parla avec beaucoup d’affabilité, même à nos matelots. Il vint me demander les noms de tous les Anglais présens, et si nous avions nos femmes à bord : je lui répondis que non ; sa majesté, dans un accès de bonne humeur, nous permit à tous de choisir des compagnes parmi les Taïtiennes. Nous ne jugeâmes pas à propos de profiter de sa politesse. Il s’assit ensuite sous une cabane de roseaux qui appartenait à É-ti ; la chaleur nous contraignit à nous retirer près de lui. Il fit venir des cocos, et se mit à nous raconter l’histoire du Pahei no peppe, ou du vaisseau espagnol dont Touahaou nous avait parlé le premier. Suivant le récit du prince, un vaisseau étranger, quelques mois avant notre arrivée, mouilla dix jours à Ouhaïouréa : le capitaine fit pendre quatre hommes de son équipage, et un cinquième échappa à la corde par la fuite. Nous demandâmes plusieurs fois, mais inutilement, à parler à cet Européen, qu’ils nommaient O-péhoutou. Les officiers de sa majesté nous voyant si empressés sur cet article, nous assurèrent qu’il était mort. Nous avons appris depuis qu’à peu près à l’époque dont les insulaires parlaient, don Juan de Langara y Huarte, envoyé du port de Callao, avait visité Taïti : mais les particularités de son voyage n’ont pas transpiré. Tandis que nous étions dans la maison d’É-ti, ce chef si gras, qui pa-