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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/141

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la langue, les naturels l’aimaient davantage. La confiance de ce peuple, et sa conduite cordiale et familière, nous causaient un grand plaisir. Son caractère se montrait à nous dans un jour plus favorable que jamais, et nous fûmes convaincus que le ressentiment des injures et l’esprit de vengeance tourmentent peu les bons et simples Taïtiens. Il est doux de penser que la philanthropie semble naturelle aux hommes, et que les idées sauvages de défiance et de haine ne sont que la suite de la dépravation des mœurs. Les découvertes de Colomb, de Cortez, de Pizarre en Amérique, celles de Mendaña, de Quiros, de Schouten, de Tasman[1] et de Wallis dans le grand Océan, ne démentent point cette assertion. L’attaque faite par les Taïtiens sur le Dolphin naquit probablement de quelque outrage commis par les Européens sans le vouloir ; et quand même cette supposition ne serait pas fondée, si la conservation de soi-même est une des premières lois de la nature, cette nation avait sûrement droit de regarder les Anglais comme des usurpateurs, et même de trembler pour sa liberté. Mais, après que les Européens eurent déployé la supériorité de leurs forces, les insulaires, ayant reconnu que le capitaine Wallis se proposait seulement de passer quelques jours parmi eux afin d’acheter des rafraîchissemens, et que ces étrangers n’étaient pas absolument destitués d’humanité et de justice, leur ouvrirent les bras, oublièrent le mas-

  1. J’en excepte les sauvages de la Nouvelle-Zélande.