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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/181

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la mort de son éatoua, et s’enfuit loin de moi lorsque je voulus la toucher. Sa mère, et la plupart des femmes qui l’accompagnaient paraissaient aussi affligées de cet accident ; et, montant sur son bateau, le chef nous pria d’un air fort sérieux de ne pas tuer les martins-pêcheurs et les hérons de son île ; mais il nous donna en même temps la permission de tirer tous les autres oiseaux. Nous avons essayé ensuite de découvrir la nature de leur vénération, pour ces deux espèces d’oiseaux ; toutes nos recherches ont été infructueuses.

» Le 10, Oréo nous invita à la représentation d’un héva. Le spectacle se donna sur un terrain d’environ soixante-quinze pieds de long et de trente de large, renfermé entre deux édifices parallèles l’un à l’autre. L’un était un bâtiment spacieux capable de contenir un grand nombre de spectateurs, l’autre une simple hutte étroite ; soutenue sur une rangée de poteaux, ouverte du côté où l’on jouait la pièce, mais parfaitement fermée d’ailleurs avec des nattes et des roseaux. L’un des coins était clos de toutes parts : c’est là que s’habillaient les acteurs. Toute la scène était revêtue de trois grandes nattes du travail le plus fini, et rayées en noir sur les bords. Dans la partie ouverte de la petite hutte nous vîmes trois tambours de diverses grandeurs, c’est-à-dire trois troncs de bois, creusés et couverts d’une peau de requin : quatre ou cinq hommes, qui en jouaient sans cesse avec les doigts seulement, déployaient