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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/197

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pêpotou , sur lequel était un cadavre et des viandes ; de sorte que tout promettait du succès à mes recherches. Je proposai diverses questions relatives aux différens objets que j’avais sous les yeux : si les bananes étaient destinées à l’éatoua ; s’ils sacrifiaient à l’éatoua des cochons, des chiens, des volailles, etc. L’un des insulaires, qui annonçait de l’intelligence et du bon sens, me répondit que oui. Je lui demandai ensuite s’ils sacrifiaient des hommes à l’éatoua. Il me répondit, taata eno, c’est-à-dire, qu’ils immolaient les méchans hommes, tiparrahi, en les battant jusqu’à la mort. Je lui demandai en outre s’ils mettaient aussi à mort les hommes bons ; il répondit non : s’ils immolaient des éris ; il me dit qu’ils avaient des cochons à donner à l’éatoua, et il répéta de nouveau, taata eno : s’ils immolaient à l’éatoua les teouteous (les domestiques ou les esclaves), qui n’ont ni cochons, ni chiens, ni volailles, mais qui sont des hommes bons ; il me répondit non, mais seulement les hommes méchans. Ses réponses à beaucoup d’autres questions que je lui fis semblaient toutes tendre à ce point, que des hommes, pour certains crimes, sont condamnés à être sacrifiés aux dieux, s’ils n’ont pas de quoi se racheter. Il en résulte, ce me semble, qu’en certaines occasions, ils jugent les sacrifices humains nécessaires ; qu’ils prennent surtout pour victimes les hommes qui, dévoués à la mort par les lois du pays, sont pauvres et de la classe inférieure du peuple.