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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/256

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dérangeaient d’ailleurs tout ce qui était dans le vaisseau, de manière que les yeux n’apercevaient qu’une scène générale de bouleversement et de confusion. Dans un de ces énormes roulis, la caisse d’armes posée sur le gaillard d’arrière fut arrachée de sa place, et renversée contre la lisse de bâbord. L’un des volontaires, M. Hood, qui se trouva devant elle, échappa heureusement en se baissant, lorsqu’il la vit se détacher ; il ne reçut aucune contusion, parce qu’il eut l’adresse de se placer dans l’angle que fit la caisse avec la lisse. Le désordre des élémens n’écarta pas de nous tous les oiseaux. De temps en temps un pétrel noir, ou oiseau de tempête, voltigeait sur la surface agitée de la mer, et résistait adroitement à la force de la tourmente, en restant à l’abri du sommet des lames soulevées. L’aspect de l’Océan était alors superbe et terrible : tantôt, au sommet d’une vague énorme, nous contemplions au-dessous de nous une vaste étendue de mer sillonnée par un nombre infini de profonds canaux ; d’autres fois la vague se brisait subitement sous nous, et nous plongeait dans une vallée profonde, tandis qu’une nouvelle montagne s’élevait à nos côtés, et de sa tête écumeuse et chancelante menaçait de nous engloutir. La nuit amena de nouvelles horreurs, surtout pour ceux qui n’étaient pas accoutumés à la mer dès leur enfance. On ôta les vitres de la chambre du capitaine, et on mit des volets en place, pour prévenir l’embarquement des lames lorsqu’on