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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/258

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n’est pas une île séparée d’Iheï-nomaoui. Ce misérable pays était cependant habité.

» À peine fut-on à l’ancre, qu’on vit arriver trois pirogues, dont deux venaient d’un côté du rivage, et une de l’autre. Il ne fallut pas faire aux Indiens de vives instances pour en attirer trois ou quatre à bord. Les clous furent, de tout ce qu’on put leur présenter, ce qui leur fit le plus de plaisir.

» Ils portaient des manteaux vieux et sales, auxquels ils donnaient le nom de boghi. La fumée qu’ils respirent continuellement dans leur misérables cabanes, et un amas d’ordures qu’ils n’avaient peut-être jamais lavé depuis leur naissance, cachent entièrement la couleur de leur teint et répand sur leur visage un jaune noir. La saison de l’hiver, qui allait finir, les avait probablement forcés à manger des poissons pouris, ce qui, joint à l’huile rance dont ils graissent leurs cheveux, les rendait d’une puanteur si insupportable, que nous les sentions et qu’ils nous dégoûtaient de très-loin. Le lendemain nous mouillâmes dans l’anse du canal de la Reine Charlotte appelée Shipcove, d’où nous étions partis le 7 juin, près de cinq mois auparavant. Aussitôt nous reçûmes la visite des habitans, parmi lesquels le capitaine en reconnut plusieurs qu’il avait vus en 1770. Chacun, de son côté, renouvela les connaissances qu’il avait faites pendant la première relâche : nous les appelâmes par leurs noms, ce qui leur causa une grande joie : sans