Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doute qu’ils crurent que nous nous intéressions à eux, puisque nous les portions dans notre pensée. Le temps était beau et l’air chaud pour la saison ; mais ces Indiens étaient tous couverts de ces manteaux déguenillés dont ils se couvrent pendant l’hiver. Nous leur fîmes plusieurs questions sur la santé de ceux de leurs compatriotes que nous ne voyions pas et que nous connaissions.

» Teirêtou, le chef qui avait prononcé une longue harangue le 4 juin, était au nombre des insulaires qui vinrent nous voir. Il portait alors de vieux habits, ou, pour parler le langage des gens polis, il était en déshabillé ; il n’avait plus de nattes brodées en peau de chien ; ses cheveux, rattachés négligemment, au lieu d’être peignés, étaient couverts d’une huile puante. En un mot, d’orateur, de chef d’une troupe de guerriers, il était devenu un simple pêcheur. Nous eûmes peine à le reconnaître sous ce déguisement : à la fin cependant on lui rendit quelques honneurs, on le mena dans la grand’chambre, et on lui donna des clous. Nos outils de fer et nos étoffes de Taïti lui parurent si précieuses, ainsi qu’à ceux qui l’accompagnaient, qu’ils résolurent de s’établir près de nous, afin de profiter des premiers des avantages que leur offrait notre commerce, et peut-être de nous voler tout ce qu’ils pourraient.

» Nous allâmes à terre le matin et l’après-midi, et nous nous ouvrîmes un passage à tra-