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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/261

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arbres et les arbrisseaux commençaient seulement à reverdir. Mais le phormium, dont les naturels préparent leurs cordages, était en fleur, ainsi que quelques autres espèces qui poussent de bonne heure.

» Les matelots renouvelèrent leur premières amours avec les Zélandaises. L’une de celles qui prodiguaient leurs charmes avait des traits assez réguliers, et quelque chose de doux et de tendre dans les yeux. Ses parens la donnèrent formellement en mariage à un des contre-maîtres que ces insulaires chérissaient parce qu’il leur montrait de l’intérêt et de l’affection, ce qui ne peut qu’exciter l’attachement même des peuples sauvages. Toghiri, car c’est ainsi que s’appelait cette fille, fut aussi fidèle à son mari que si c’eût été un Zélandais ; elle repoussait impitoyablement les sollicitations des autres matelots, en disant qu’elle était mariée (tirra tanè). Quelque goût que l’Anglais eût pour sa femme zélandaise, il ne tenta jamais de l’amener à bord, concevant qu’il serait malhonnête de nous rapporter la vermine qui remplissait ses habits et ses cheveux. Il allait donc la voir à terre, et seulement pendant le jour ; il la régalait de biscuit pouri que nous avions jeté comme inutile, mais qu’elle aimait beaucoup. Oedidi était si accoutumé, dans sa patrie, à se livrer à tous les mouvemens de la nature, qu’il n’hésita pas à satisfaire ses désirs à la Nouvelle-Zélande, quoiqu’il vît très-bien que les femmes n’y va-