Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous empêchait d’avancer plus loin au sud, il témoigna un grand plaisir, parce qu’il croyait que c’était une terre. Nous lui dîmes qu’il se trompait, et qu’il n’avait que de l’eau sous les yeux ; mais nous ne pûmes le lui persuader qu’en lui montrant la glace qui s’était formée dans les futailles sur le pont. Il nous répondit cependant qu’à tout événement il voulait lui donner le nom de terre blanche, afin de la distinguer de tout le reste. Il avait rassemblé à la Nouvelle-Zélande un certain nombre de petites baguettes dont il faisait soigneusement un paquet, ce qui lui tenait lieu de journal. À chaque île qu’il avait vue et visitée, après son départ des îles de la Société, il avait ajouté une petite baguette ; de sorte que sa collection montait alors à neuf ou dix, dont il se rappelait très-bien les noms dans l’ordre que nous les avions vues ; et la terre blanche, ou ouhennoua-téatéa, était la dernière. Il demandait souvent à combien d’autres pays nous aborderions en allant en Angleterre ; et, d’après quelques noms que nous lui dîmes, il forma un paquet séparé qu’il étudiait chaque jour avec autant de soin que le premier. L’ennui de cette partie de notre voyage le rendait probablement si empressé d’en connaître la fin ; les provisions salées, et la froideur du climat contribuèrent à le dégoûter. Son amusement ordinaire était de détacher les plumes rouges des tabliers de danse qu’il avait achetés à Tongatabou, et d’en faire un panache de huit ou