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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/37

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et séchèrent le terrain aux environs. Quelques matelots préparèrent le poisson, plumèrent et rôtirent les oiseaux aquatiques, mirent la table, et firent le service : nous soupâmes avec beaucoup d’appétit, discourant sur la délicatesse scrupuleuse des nations civilisées. Nous écoutâmes ensuite les plaisanteries de nos matelots, qui, en mangeant autour du feu, racontaient des histoires véritablement comiques, entremêlées de juremens, d’imprécations et d’expressions grossières. Après avoir calfeutré notre tente avec des feuilles de fougère, nous nous étendîmes sur nos manteaux : nos fusils et nos havresacs de chasse nous servirent de traversins.

» Le lendemain, je débarquai sur un des côtés de la baie, en ordonnant à la chaloupe d’aller à notre rencontre de l’autre. À peine fûmes-nous à terre, que nous vîmes quelques canards : en me glissant doucement à travers les buissons, je vins à bout d’en tuer un. Au moment où je tirai, les naturels, que nous n’avions pas découverts, poussèrent un cri horrible en deux ou trois endroits près de nous. Nous leur répondîmes par d’autres cris, et nous nous retirâmes à notre chaloupe, qui était à un demi-mille au large. Les Zélandais continuèrent leurs cris, mais sans nous suivre. Je reconnus ensuite qu’ils ne le pouvaient pas, parce qu’un bras de rivière les séparait de nous, et que leur nombre n’était pas proportionné au bruit qu’ils faisaient. Dès que j’eus aperçu cette rivière, j’y