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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/51

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pés dans des manteaux entièrement mouillés, et accablés de douleurs de rhumatisme : comme nous étions épuisés de fatigue, nous dormîmes quelques momens. À deux heures, un effrayant coup de tonnerre nous éveilla : la tempête, plus furieuse, était devenue un véritable ouragan. Le mugissement des vagues qu’on entendait de loin inspirait l’épouvante, et n’était étouffé à certains intervalles que par l’agitation tumultueuse des forêts et la chute bruyante de gros arbres qui se fracassaient en tombant autour de nous. Au moment où j’allais jeter un coup d’œil sur notre canot, un éclair terrible illumina tout le bras de la mer ; je vis les vagues écumantes se rouler en montagnes les unes sur les autres ; en un mot, tout semblait présager un bouleversement universel. L’éclair fut accompagné de l’explosion la plus éclatante que j’aie jamais entendue ; et ce bruit, répété par les roches brisées qui nous environnaient, prit une nouvelle force. Nous passâmes la nuit dans cette situation déplorable ; à six heures du matin la tempête s’apaisa, et nous rejoignîmes enfin le vaisseau.

» Tout le matin du 10 nous eûmes, continue Cook, de forts coups de vents de l’ouest, accompagnés de grains violens : les vents soufflaient avec tant de furie vers la terre, qu’il aurait été dangereux de mettre à la voile. L’après-midi ils furent plus maniables, et le temps devint bon : nous allâmes dans deux canots tuer des phoques sur les rochers qui sont à