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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/50

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grands risques de périr. Nous eûmes beaucoup de peine à regagner le bras de mer d’où nous venions de sortir ; et vers les deux heures de l’après-midi nous mouillâmes à l’entrée septentrionale d’une petite anse étroite. Notre canot amarré le mieux qu’il nous fut possible, nous gravîmes sur une colline, où nous fîmes du feu au milieu d’un rocher étroit, et nous essayâmes e griller quelques poissons. Quoique nous fussions mouillés jusqu’aux os, quoique le vent fût très-froid, nous ne pûmes pourtant pas nous tenir près du feu ; la tempête en précipitait les flammes en tourbillons autour de nous, et nous étions obligés à chaque moment de changer de place pour ne pas être brûlés. La tempête s’accrut tellement, qu’il était difficile de nous tenir debout sur ce terrain pelé : nous résolûmes donc, pour notre plus grande sûreté et celle de notre canot, de traverser l’anse et de passer la nuit dans les bois, immédiatement sous le vent des hautes montagnes. Nous saisîmes tous un tison ardent, et nous sautâmes dans le canot, comme si nous eussions marché à une expédition désespérée. Nous fûmes encore plus mal au milieu des bois que sur le rocher ; car ils étaient si humides, que le feu avait peine à y brûler ; rien ne nous mettait à l’abri d’une grosse pluie : l’eau qui tombait d’ailleurs des feuilles nous mouillait encore davantage, et la fumée, que le vent empêchait de monter, nous étouffait. Nous nous couchâmes sans souper, sur un terrain humide, envelop-