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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/74

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» Deux ou trois familles de ces Indiens établirent leurs habitations près de nous ; chaque jour ils pêchaient, et nous apportaient ce qu’ils prenaient. Nous ressentîmes bientôt les heureux effets de cette proximité, car nous n’étions pas à beaucoup près aussi habiles pêcheurs qu’eux ; et nous n’avions aucune manière de prendre du poisson qui fût égale à celle qu’ils employaient.

» Le 30 mai, après-midi, on permit à la plupart des matelots d’aller à terre ; ils y achetèrent des curiosités du pays, et les faveurs des Zélandaises, malgré le dégoût qu’inspirait la malpropreté de ces femmes ; leurs joues couvertes d’ocre et d’huile auraient suffi seules pour en éloigner des hommes délicats ; mais quoique la puanteur les annonçât même de loin, quoique leurs cheveux et leurs vêtemens fussent remplis de vermine, qu’elles mangeaient de temps à autre ; tel est l’ascendant d’une passion brutale, que des Européens civilisés cherchaient avec elles les douceurs de l’amour.

» Durant ces ébats, une Zélandaise vola la veste d’un de nos matelots, et la donna à un jeune de ses compatriotes. Le matelot voulant la lui arracher des mains, reçut plusieurs coups de poing. Il crut d’abord que l’Indien badinait ; mais comme il s’avançait vers le rivage pour rentrer dans la chaloupe, le naturel lui jeta de grosses pierres. Notre matelot, entrant en fureur, redescendit à terre, alla saisir l’agresseur, et, commençant un combat à la ma-