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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/95

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desquels s’élevait une quantité innombrable de palmiers, vrais souverains de ces bocages ravissans. Tout semblait dormir encore ; l’aurore ne faisait que poindre, et une obscurité paisible enveloppait le paysage. Nous distinguions cependant des maisons parmi les arbres, et des pirogues sur la grève. À un demi-mille du rivage, les vagues mugissaient contre un banc de rochers de niveau avec la mer, et rien n’égalait la tranquillité des flots dans l’intérieur du havre. Quand l’astre du jour commença à éclairer la plaine, les insulaires se levèrent, et animèrent peu à peu cette scène charmante. À la vue de nos vaisseaux, plusieurs se hâtèrent de lancer leurs pirogues, et de venir à nous, qui avions tant de joie à les contempler. Nous ne pensions guère que nous allions courir le plus grand danger, et que la destruction menacerait bientôt les vaisseaux et les équipages sur les bords de cette rive fortunée.

» Cependant les pirogues s’approchaient : l’une d’elles arriva près de la Résolution ; elle était montée par deux hommes presque nus, qui avaient une espèce de turban sur la tête, et une ceinture autour des reins. Ils agitaient une large feuille verte en poussant des exclamations multipliées de tayo, que, sans connaître leur langue, je prenais pour des expressions d’amitié. Nous jetâmes à ces insulaires un présent de clous, de verroteries et de médailles ; et ils nous offrirent en retour une grande tige de bananier, c’est-à-dire un symbole de