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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/94

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mina donc à relâcher dans la baie Oaïti-Piha, près de l’extrémité sud-est de Taïti. Les vaisseaux y abordèrent le 16 août. Il faut entendre le jeune Forster.

« Dès la veille, les montagnes de ce pays désiré sortaient du milieu des nuages dorés par le coucher du soleil. Tout le monde, excepté un ou deux matelots qui ne pouvaient pas marcher, se rendit avec empressement sur le gaillard d’avant pour contempler cette terre sur laquelle nous formions tant d’espérance, et qui enchante tous les navigateurs qui y ont abordé.

» Nous passâmes une nuit heureuse dans l’attente du matin : nous résolûmes d’oublier les fatigues et l’inclémence du climat austral ; la tristesse qui s’était emparée de nous se dissipait. L’image de la maladie et de la mort ne nous épouvantait plus.

» À la pointe du jour, nous jouîmes d’une de ces belles matinées que les poètes de toutes les nations ont essayé de peindre. Un léger souffle de vent nous apportait de la terre un parfum délicieux, et ridait la surface des eaux. Les montagnes, couvertes de forêts, élevaient leurs têtes majestueuses, sur lesquelles nous apercevions déjà la lumière du soleil naissant : plus près de nous on voyait une rangée de collines, d’une pente plus douce, mais boisées comme les premières, et agréablement entremêlées de teintes vertes et brunes ; au pied, une plaine parée d’arbres à pain, au-dessus