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des cochons, ils demandèrent à en acheter ; mais on répondit à toutes leurs instances que ces animaux appartenaient à l’éri ou au roi, et qu’ils ne pouvaient pas les vendre.

» Une autre pirogue plus grande que les autres nous amena un bel homme de plus de six pieds, et trois femmes. L’insulaire, qui nous apprit tout de suite qu’il s’appelait O-Taï, semblait être un personnage de quelque importance dans cette partie de l’île, et nous le prîmes pour un de ces vassaux ou francs-tenanciers dont parle le premier voyage de Cook. Il monta sur le gaillard d’arrière, pensant probablement qu’une place où s’asseyaient nos chefs lui convenait. Il était beaucoup plus blanc que ses compatriotes, et son teint ressemblait à celui des métis des îles d’Amérique. Ses traits étaient réellement agréables et réguliers ; il avait le front haut, les sourcils arqués, de grands yeux noirs, étincelans de feu, et le nez bien fait. Le contour de sa bouche avait une douceur et un charme tout particulier : ses lèvres étaient proéminentes, mais non pas démesurément grosses ; sa barbe noire et bien frisée, ses cheveux très-noirs tombaient en grosses boucles sur ses épaules : s’apercevant que les nôtres étaient en queue, il se servit d’un mouchoir de soie noire, que M. Clarke lui avait donné pour se mettre à notre mode ; son corps bien fait était un peu trop fort, et ses pieds trop grands détruisaient un peu l’harmonie de l’ensemble.