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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/98

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de nos corps, et souvent ils écartaient nos habits de dessus notre poitrine, comme pour se convaincre que nous étions faits comme eux.

» Plusieurs, voyant que nous désirions apprendre leur langage, puisque nous demandions les noms des différens objets, ou que nous répétions ceux qui se trouvent dans les vocabulaires des premiers voyageurs, se donnèrent beaucoup de peine pour nous l’enseigner : ils semblaient charmés quand nous rendions exactement la prononciation du mot. Aucune langue ne me paraît plus aisée à apprendre que celle-ci ; toutes les consonnes aigres et sifflantes en sont bannies, et presque tous les mots finissent par une voyelle. Il faut seulement une oreille délicate pour distinguer les modifications nombreuses de leurs voyelles, qui donnent une grande finesse à l’expression. Parmi plusieurs autres observations, nous reconnûmes que l’O et l’E, qui commencent la plupart des noms et des mots qui se trouvent dans le premier voyage du capitaine Cook, sont l’article que les langues orientales mettent devant la plus grande partie de leurs substantifs ; on devrait suivre cette orthographe. Je remarquerai ici que M. de Bougainville a saisi heureusement le nom de l’île sans l’O, et qu’il l’a exprimé par Taïti, aussi bien que la nature du français peut le permettre.

» Un canot fut détaché en avant pour sonder le récif : nos gens, descendus à terre, furent bientôt entourés d’insulaires. Entendant les cris