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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/100

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gues de guerre appartenaient à Attahourou et Ahopata, quarante à Tettaha, et dix à Matavaï, qui n’y envoyait pas le quart de ses forces. En admettant que chaque canton de l’île (elle en renferme quarante-trois) arme le même nombre de pirogues que Tettaha, on trouvera que toute l’île peut équiper mille sept cent vingt pirogues de guerre, et soixante-huit mille hommes, à quarante hommes pour chaque bâtiment ; et comme les guerriers ne peuvent pas comprendre plus d’un tiers de la population des deux sexes, y compris les enfans, toute l’île contient au moins deux cent quarante mille habitans, nombre qui me parut incroyable au premier moment ; mais quand je refléchis à ces essaims de Taïtiens qui frappaient nos regards partout où nous allions, je fus convaincu que cette évaluation n’est pas trop grande. Rien ne prouve mieux la fertilité et la richesse de ce pays, qui n’a pas quarante lieues de tour.

» L’île ne formait jadis qu’un royaume : j’ignore depuis quand elle est divisée en deux états. Les rois de Tierrebou sont une branche de la famille de ceux de O-pouéronou : les deux princes sont aujourd’hui proches parens, et je crois que le premier dépend en quelque sorte du second. O-tou est appelé éri de hié, ou de toute l’île ; et on nous a dit que Ouahitoua, roi de Tierrebou, se découvrait devant lui ainsi que le dernier de ses sujets. Cet hommage est dû à O-tou comme éri de hié