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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/122

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pas connu plus tôt : mais mon père résolut d’employer le temps qui lui restait à faire des recherches sur un sujet aussi intéressant que l’histoire des opinions religieuses.

» Toutavaï fut charmé de trouver une occasion de déployer ses connaissances : il était flatté de notre attention à l’écouter, et il parla sur le même objet avec plus de patience et plus long-temps que nous ne l’attendions d’un habitant de ces îles dominé par la vivacité et la légèreté de son caractère. La religion de ces insulaires paraît former un système de polythéisme singulier. Quelques peuples, absorbés par le soin de pourvoir à leur subsistance, ne s’élèvent pas jusqu’à la Divinité ; mais ils sont en bien petit nombre : ceux de Taïti et des îles de la Société croient à l’existence d’un Être Suprême, créateur de toutes choses. La plupart des nations ont fait des recherches plus ou moins profondes sur les qualités de cet esprit universel et incompréhensible, et elles ont adopté des absurdités en s’égarant dans des réflexions au-dessus de la portée de l’intelligence humaine. Les petits esprits, que surchargeait la vaste conception d’une perfection suprême, personnifièrent bientôt les différens attributs de la Divinité. Les dieux et les déesses devinrent innombrables, et une erreur en enfanta mille autres. L’homme, dans le cours de l’éducation, apprit de son père l’existence d’un Dieu, et l’instinct nourrit en lui cette idée. La population s’accrut, les distinctions