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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/123

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de rang s’établirent, et on vit naître de nouvelles passions. Dans chaque société, des individus, profitant du penchant du peuple à adorer, s’efforcèrent de captiver le jugement de la multitude ; et, défigurant les qualités du Tout-Puissant, ils éteignirent l’affection du genre humain pour son bienfaiteur, et lui apprirent à craindre sa colère. Il paraît que c’est ce qui est arrivé aux îles de la Société comme ailleurs : les habitans rêvèrent des divinités de toute espèce ; et ce qu’il y a de plus singulier, chaque île a une théogonie séparée. Le lecteur doit comparer ce que nous allons dire avec les observations sur cette matière insérées dans le premier Voyage du capitaine Cook.

» Toutavaï commença par nous apprendre que sur chaque île de ce groupe on donne un nom différent au Dieu suprême, créateur de la terre et du ciel ; et, voulant s’exprimer plus clairement, il ajouta que sur chaque île on croit à des divinités différentes, parmi lesquelles il en est une, reconnue de toutes, qui tient le premier rang. O-Marrào a créé la mer ; O-Maoui, dieu puissant, qui produit les tremblemens de terre, a créé le soleil. La divinité qui réside dans cet astre, et qui le gouverne, se nomme Toutoumo-Hororriri : ils lui donnent une très-belle forme et des cheveux qui lui descendent jusqu’aux pieds. Ils assurent que les morts vont partager son habitation, et que là ils mangent continuellement du fruit à pain et du porc qui n’ont pas besoin d’être