Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Quoique repoussés par les insulaires, nous ne manquâmes pas de faire la vaine cérémonie de prendre possession de leur île.

» Après avoir fait quelques milles dans notre canot sans découvrir un seul habitant et sans trouver un mouillage, nous atteignîmes une plage sur laquelle étaient quatre pirogues. Nous y descendîmes dans une petite anse formée par des rochers à fleur d’eau. Notre dessein était d’examiner les pirogues, et d’y laisser quelques grains de verroterie, car on ne voyait pas un insulaire. Mais cette descente pouvait être encore plus dangereuse que la précédente. Le rivage est ceint d’un rocher derrière lequel s’étend une plage étroite et pierreuse, terminée par une colline escarpée, d’inégale hauteur, et dont le sommet est couvert de broussailles : deux fentes profondes et étroites, pratiquées dans l’escarpement, semblent ouvrir une communication avec l’intérieur. C’était à l’entrée d’une de ces fentes que se trouvaient les quatre pirogues. Je remarquai qu’en allant les examiner, nous serions exposés à une attaque des insulaires, s’il s’en trouvait dans ce canton, et que la place serait peu propre à nous défendre. Pour prévenir ce désavantage et nous assurer une retraite, je plaçai un détachement sur le rocher, d’où il découvrait les hauteurs, et je m’avançai avec quatre de nos messieurs vers les pirogues.

» Ces bâtimens avaient de forts balanciers ; ils contenaient des nattes grossières, des lignes