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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/136

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de pêche, des piques et des morceaux de bois qui semblaient avoir servi aux insulaires de flambeaux pendant leurs pêches nocturnes. Tandis que je remplissais ces pirogues de présens, on aperçut une troupe de naturels qui sortaient de la crevasse entre les roches : nous nous retirâmes quelques pas en arrière. Deux de ces Indiens, parés avec des plumes et noircis comme ceux dont on a déjà parlé, s’avancèrent en poussant des cris furieux et en agitant leurs piques.

» Tous nos efforts pour les amener à une conférence furent inutiles. Les autres montraient une férocité terrible, et décochèrent leurs traits sur nous. Une légère fusillade n’empêcha pas l’un d’entre eux de venir plus près, et de lancer une javeline qui me rasa l’épaule. Une seconde javeline effleura la cuisse de M. Forster fils, et teignit de noir son habit. Le courage de cet insulaire lui aurait coûté la vie, si mon fusil eut pris feu, car je n’étais pas à plus de cinq pas de lui quand il fit partir sa javeline, et je l’aurais tué pour ma propre défense. Je fus ensuite bien aise que l’amorce n’eût pas brûlé. Dans le moment de l’attaque, nos gens, qui occupaient le rocher, firent feu sur d’autres Indiens qui se montraient sur les hauteurs ; ce qui ralentit l’ardeur de ceux que nous avions en tête, et nous donna le temps de regagner ce poste, où j’ordonnai qu’on cessât le feu. La dernière décharge dispersa tous les insulaires dans le bois ; ils ne reparurent plus