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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/253

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les signes qu’elles avaient faits quand j’étais seul : elles semblèrent même y joindre la prière et les supplications ; afin de les contenter, nous nous éloignâmes à l’instant. Quelque temps après nous rejoignîmes le reste de nos compagnons ; et, comme nous avions soif, je demandai de l’eau à l’homme qui coupait les cheveux de la petite fille ; il me montra un arbre auquel pendaient une douzaine de coques de cocos remplies d’eau douce qui nous parut un peu rare dans ce pays : nous retournâmes à l’aiguade par terre et en chaloupe. Chemin faisant je tuai plusieurs des oiseaux curieux dont l’île est remplie, et entre autres une espèce de corneille commune en Europe. Il y avait à l’aiguade un nombre considérable de naturels : quelques-uns, pour un petit morceau d’étoffe de Taïti, nous portèrent, en sortant de la chaloupe ou en y entrant, l’espace de cent vingt pieds, parce que l’eau était trop basse pour que les canots vinssent jusque sur le rivage : nous y aperçûmes des femmes qui, sans craindre les hommes, se mettaient au milieu de la foule, et s’amusaient à répondre aux caresses et aux avances des matelots. Elles les invitaient communément derrière des buissons ; mais dès que les amans les suivaient, elles s’enfuyaient avec tant d’agilité, qu’on ne pouvait les attraper. Elles prenaient ainsi plaisir à déconcerter leurs adorateurs, et elles riaient de bon cœur toutes les fois qu’elles leur jouaient ce tour.

» Les travailleurs et la garde retournèrent à