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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/63

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l’eau qui se trouvait entre les pirogues et moi. À l’instant un homme se jeta à mes pieds, et m’offrit de me porter. Je déclarai alors positivement que je ne voulais pas. Taouha me quitta sans que je visse quel chemin il prit ; tout le monde refusa de me le dire.

» Taouha s’en alla très-froidement ; il paraît qu’il était fâché : il avait beaucoup d’autorité ; car au moment où il s’approcha de nous, les gens du peuple s’écrièrent : Voici Taouha, et ils lui firent place avec une sorte de respect qui nous étonna.

» En jetant les yeux autour de moi, j’aperçus Ti, qui, je crois, ne m’avait jamais perdu de vue ; je lui demandai des nouvelles du roi, et il m’apprit qu’il était allé dans le pays de Mataou, et il me conseilla de me retirer sur ma chaloupe. Nous suivîmes son conseil dès que nous fûmes rassemblés, car M. Edgecumbe, mon lieutenant, était seul à mes côtés ; les autres se trouvaient poussés et confondus dans la foule comme nous l’avions été.

» En entrant dans notre chaloupe, nous profitâmes du moment pour examiner cette grande flotte. Les bâtimens de guerre consistaient en cent soixante grosses doubles pirogues de quarante à cinquante pieds de long, bien équipées et bien armées ; mais je ne suis pas sûr qu’elles eussent leur complément de guerriers et de rameurs, ou plutôt je ne le crois pas. Les chefs, et tous ceux qui occupaient les plates-formes du combat étaient revêtus de leurs habits mi-