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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/172

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sont belles pour l’ordinaire, et elles ont même des formes délicates ; leurs bras, leurs mains et leurs doigts sont si bien faits, qu’ils ne dépareraient pas la Vénus de Médicis. Malheureusement l’habitude de marcher pieds nus leur gâte les jambes. En général la taille des éris est haute. J’en ai vu plusieurs de six pieds trois pouces, et un de six pieds quatre : on voit quelquefois parmi le bas peuple de ces hommes de stature gigantesque. Les femmes sont d’une petite taille : il en est peu d’aussi hautes que les hommes, quoique j’aie rencontré une fille de six pieds, et d’autres très-grandes.

» En général ces insulaires sont vifs et gais ; ils aiment à rire et à se divertir ; la bonté, la confiance forment le fond de leur caractère ; leur légèreté les empêche de prêter une longue attention à quelque chose. Il est impossible de fixer leur esprit sur le même sujet. Leur organisation, relâchée par un soleil ardent, produit en eux une extrême indolence et une aversion insurmontable pour le travail. Ceux qui sont riches et puissans mangent tout le jour, et leur vie n’est qu’une suite continuelle de voluptés : leur inactivité va jusqu’à ne pas porter eux-mêmes les alimens à leur bouche, et on leur donne à manger comme aux enfans. La quantité de nourritures succulentes, le charme du climat, la beauté de leurs femmes leur inspirent de l’ardeur pour les jouissances de l’amour. Ils commencent de bonne heure à se livrer à la débauche. Leurs chansons, leurs danses, leurs