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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/208

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hommes, surtout les frères et les parens, se réunissent pour avoir une épouse en commun, et qu’ils s’excusent en disant qu’il ne se trouve pas dans leur pays un assez grand nombre de femmes. Quelque étrange que soit cet usage, il n’en est pas moins sûr, et il a sans doute des causes particulières. Dans les pays voisins, la Chine, la Boukharie et l’Inde, où les hommes prennent plus d’une épouse, il doit y avoir peu de femmes, parce qu’on les enlève de force, ou par adresse, ou par le commerce ; il n’est donc pas surprenant que plusieurs hommes aient une femme en commun. Quand l’île de Pâques fut découverte, en 1722, elle contenait plusieurs milliers d’habitans. Les Espagnols, en 1770, y en trouvèrent environ trois mille, et en 1774 nous en vîmes à peine neuf cents. Ce décroissement dépopulation est singulier ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, parmi ces neuf cents habitans nous n’avons compté que cinquante femmes en tout ; de sorte que le nombre des hommes est à celui des femmes comme dix-sept est à un. L’éruption d’un volcan ou un feu souterrain ont pu détruire la plupart des habitans de cette île : effectivement le capitaine Davis, en 1687, ressentit un tremblement de terre violent dans les parages voisins. Les Taïtiens connaissent les tremblemens de terre, et ils croient qu’ils sont sous la direction d’une divinité particulière, appelée Maooui. D’ailleurs cette conjecture est d’autant plus probable, que les habitans de l’île de Pâques construisent en-