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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/221

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mettre à l’abri du pouvoir ou des outrages de leurs ennemis, ils errent sur un grand espace de terre non occupées, qui sont dans un climat plus froid ; ils ne trouvent plus les fruits du tropique qui croissaient spontanément dans leur patrie ; les racines, qui fournissaient une subsistance abondante avec peu de culture, exigent des travaux fort pénibles, et offrent à peine les simples besoins de la vie, parce que la végétation n’est pas aussi forte et aussi rapide dans leur nouveau pays. Supposons que cette tribu devienne par le laps du temps une nation, de nouvelles divisions en détachent une autre portion qui va se fixer encore plus loin du soleil, où la rigueur des hivers empêche les racines et les fruits les plus vivaces de croître. Quoique ces hommes fussent obligés de travailler un certain temps dans la contrée qu’ils habitaient avant leur fuite, ils étaient sûrs au moins de s’y procurer de la nourriture ; mais, ne connaissant pas encore les productions spontanées de leur nouveau climat, ils errent çà et là avec peine pour chercher des alimens ; ils tâchent de tuer par force ou par adresse des animaux ou des oiseaux, ou de prendre du poisson dans les rivières ou dans les mers. Ces circonstances changent absolument leur manière de vivre, leurs habitudes, leur langage, et je dirais presque leur nature ; leurs idées ne sont plus les mêmes ; ils négligent ou ils perdent à jamais le souvenir des découvertes qu’ils avaient faites dans leur pre-