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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/298

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celles des nègres ; mais j’ignore si la saleté n’en altérait pas la blancheur naturelle. Leur bouche est un peu trop grande ; elle l’est peut-être moins qu’elle ne le paraît, parce qu’ils portent leur barbe longue, et qu’ils l’enduisent de peinture ainsi que leurs cheveux. Leur corps est d’ailleurs bien proportionné, quoique leur ventre soit un peu gros, ce qui peut venir de ce qu’ils ne se serrent jamais ; car il faut observer que dans la plupart des autres pays on porte des ceintures plus ou moins fortes. La posture qu’ils aiment le mieux est de se tenir debout, la partie supérieure du corps un peu courbée en avant, et l’une des mains traversant le dos et saisissant l’autre bras, qui tombe nonchalamment.

» On observe ici ce que les anciens poëtes nous disent des faunes et des satyres qui habitaient des troncs d’arbre. Nous trouvâmes au fond de la baie de misérables charpentes de perches, recouvertes d’écorce, qui méritaient à peine le nom de huttes ; mais ces chétives demeures ne semblaient avoir été construites que pour un séjour passager, et nous rencontrâmes beaucoup de gros arbres creusés qui offraient un meilleur asile. À l’aide du feu, les naturels avaient pratiqué dans les troncs un espace de six ou sept pieds de hauteur. Les foyers d’argile que nous vîmes, et autour desquels quatre ou cinq personnes pouvaient s’asseoir[1], dé-

  1. Tasman trouva, dans la baie de Frédéric-Henri, voisine de celle de l’Aventure, deux arbres, dont l’un avait