Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand nous étions à la distance de quelques milles du cap de Bonne-Espérance, et par un vent frais. La nuit eut à peine étendu son voile sur la surface des flots, que la mer parut tout en feu ; chaque vague qui se brisait avait une cime lumineuse ; partout où les côtés du vaisseau touchaient les vagues, on apercevait une lumière phosphorique. L’œil découvrait de toutes parts cette lumière sur l’Océan ; le fond lui-même des lames les plus épaisses semblait imprégné de cette propriété brillante : nous voyions de grands corps lumineux se mouvoir ; quelques-uns marchaient le long du vaisseau, d’autres s’en écartaient avec une vitesse presque égale à celle d’un éclair. La forme de ces corps annonçait que c’étaient des poissons : plusieurs s’approchaient les uns des autres ; et lorsqu’un petit se trouvait à côté d’un plus gros, il s’enfuyait promptement pour échapper au danger. Je tirai un seau de cette eau lumineuse, afin de l’examiner : j’y remarquai un nombre infini de petits corps lumineux ronds, qui s’agitaient avec une vivacité surprenante ; après que cette eau se fut reposée un peu de temps, la quantité de petits objets étincelans paraissait diminuer ; mais, en remuant l’eau derechef, nous observâmes qu’elle redevenait entièrement lumineuse, et les petites étincelles se remuèrent de nouveau avec agilité en différentes directions. Quoique le seau qui contenait l’eau fût suspendu, afin d’être moins affecté du roulis du bâtiment, on y apercevait toujours des corps