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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/149

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coup de rigueur, et que la justice du roi s’exerçât par des supplices cruels. Mais il reconnut enfin qu’il ne fallait en accuser que le penchant de ce prince, qui le portait naturellement à la cruauté. Cette malheureuse inclination se déclarait non-seulement par la nature des peines, mais encore par leur étendue. Souvent des familles entières étaient punies des fautes d’un seul. Le roi, dans sa colère, ne condamnait pas sur-le-champ un criminel à la mort. Il commençait par le faire tourmenter, en lui faisant arracher avec des tenailles ou brûler avec un fer chaud diverses parties de la chair, pour lui faire nommer ses complices. Ensuite il lui faisait lier les mains autour du cou, et le forçait de manger ses membres. On vit des mères manger ainsi leur propre chair et celle de leurs enfans. Ces misérables étaient menés ensuite par la ville jusqu’au lieu d’exécution, suivis des chiens dont ils devaient être la proie, et qui étaient si accoutumés à cette boucherie, que d’eux-mêmes ils suivaient les prisonniers lorsqu’ils les voyaient traîner au supplice. On voyait ordinairement dans ce lieu plusieurs personnes empalées, et d’autres pendues ou écartelées. Le roi se servait aussi des éléphans pour exécuter les sentences de mort. Ils percent le corps d’un homme, le déchirent en pièces et dispersent ses membres. On couvre leurs dents d’un fer bien aiguisé, à trois tranchans ; car les éléphans apprivoisés ont les dents coupées par le bout, afin qu’elles crois-