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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/207

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le sang ruisselle du corps, et qu’ils demeurent couverts de plaies. Ensuite, dans la crainte de les perdre par la corruption qui pourrait se mettre dans leurs blessures, on les frotte avec une espèce de saumure mêlée de sel et de poivre, sans faire plus d’attention à leur douleur que s’ils étaient privés de raison et de sentiment.

» Une Hollandaise, une Indienne de Batavia, n’a pas la force de marcher dans son appartement. Il faut qu’elle soit soutenue sur les bras de ses esclaves, et si elle sort de sa maison, elle se fait porter dans un palanquin sur leurs épaules. Elles ont perdu l’usage, si bien établi en Hollande, de nourrir leurs enfans de leur propre lait. C’est une nourrice moresque ou esclave qui les élève. Aussi presque tous les enfans parlent-ils le malabare, le bengali et le portugais corrompus, comme les esclaves dont ils ont reçu la première éducation ; mais à peine savent-ils quelques mots de la langue flamande, ou s’ils la parlent, ce n’est pas sans y mêler quantité de lipe tyole, c’est-à-dire de mauvais portugais. Ils évitent d’employer une langue qu’ils savent si mal, et la plupart ne rougissent pas d’avouer qu’ils n’entendent pas ce qu’on leur dit. Des mêmes maîtres ils tirent la semence et le goût de tous les vices.

» Les Mestices et les Kastices valent moins encore que les femmes nées d’un père et d’une mère hollandais. Elles ne connaissent pas d’autre occupation que de s’habiller magnifique-