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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/208

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ment, de mâcher du bétel, de fumer des bonkes, de boire du thé, et de se tenir couchés sur leurs nattes. On ne les entend parler que de leurs ajustemens, des esclaves qu’elles ont achetés ou vendus, ou des plaisirs de l’amour, auxquels il semble qu’elles soient entièrement livrées. Hollandais ou Maures, tout convient à leurs désirs déréglés. Ce goût les suit jusqu’à table, où elles ne veulent être qu’avec d’autres femmes de leur espèce. Elles mangent rarement avec leurs maris, et ce désordre est passé comme en usage. D’ailleurs elles mangent très-malproprement et sans se servir de cuillères, à l’exemple des esclaves qui les ont élevées. Leur sert-on du riz assaisonné, elles le remuent avec les doigts et se le fourrent dans la bouche à pleines mains, sans se mettre en peine du dégoût qu’elles causent aux spectateurs. Cette grossièreté, qui vient d’un défaut d’éducation, et dont la plus grande fortune ne les corrige pas, éclate particulièrement dans les repas où elles sont invitées par les officiers de la compagnie qui arrivent de Hollande. Leur embarras fait pitié : elles n’ont point de contenance ; elles n’osent ni parler, ni répondre ; et leur ressource est de s’approcher les unes des autres pour s’entretenir ensemble. »

Cependant, si l’on en croit l’auteur, le mari d’une Kastice est un homme heureux en comparaison de ceux qui sont assez ennemis d’eux-mêmes pour épouser une Moresque. Il s’en