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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/251

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girofle, et depuis ils l’ont appelé clavo, ou clou, à cause de sa figure. Les habitans des Moluques nomment l’arbre sigher, la feuille varaqua, et le fruit chimque ou chamque.

L’arbre du girofle ressemble beaucoup au laurier par la grandeur et par la forme des feuilles ; mais la tête est plus épaisse, et les feuilles sont un peu plus étroites. Le goût du clou se trouve dans les feuilles, et jusque dans le bois. Les branches, qui sont en grand nombre, jettent une quantité prodigieuse de fleurs, dont chacune produit son clou. Les fleurs sont d’abord blanches ; ensuite elles deviennent vertes, puis rouges et assez dures. C’est alors qu’elles sont proprement clous. En séchant, les clous prennent une autre couleur, qui est un brun jaunâtre. Lorsqu’ils sont cueillis, ils deviennent d’un noir de fumée. Ils ne se cueillent pas avec la main comme les autres fruits : on attache une corde à la branche qu’on secoue avec force, ce qui ne se fait pas sans fatiguer les arbres ; mais ils en deviennent plus fertiles l’année d’après. Cependant quelques-uns les battent avec des gaules, après avoir nettoyé soigneusement l’espace qui est dessous.

Les clous pendent aux arbres par de petites queues, auxquelles la plupart tiennent encore lorsqu’ils sont tombés : on les vend même avec ces queues ; car les insulaires ramassent tout ensemble et ne se donnent pas la peine de les trier, mais ceux qui les achètent prennent celle de les nettoyer pour les transporter en Europe,