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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/284

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le turban va si loin, qu’ils ne s’en servent qu’aux jours de fêtes et de réjouissances publiques. Mais ils portent habituellement un petit bonnet, d’étoffe blanche, plus ou moins précieuse, suivant le rang ou les richesses, avec un petit bord d’or ou d’argent. C’est non-seulement une propreté, mais un usage indispensable pour les personnes de distinction, d’entretenir sur leurs ongles une teinture rouge qu’on y met dès leur enfance. Ils ne sont pas moins curieux de se teindre les dents en vert et en rouge. Dans leurs premières années, ils se les font polir et limer ; après quoi ils se les frottent avec du jus de citron, qui les rend susceptibles de la couleur qu’on veut leur donner. Cette opération ne se fait pas sans douleur, et sans qu’il en coûte du sang ; mais l’empire de la mode n’est pas moins respecté à Célèbes qu’en Europe. Souvent même les seigneurs macassarois se font arracher leurs meilleures dents pour en porter d’or, d’argent ou de tombac.

Les femmes ont encore plus de passion pour la propreté que les hommes ; mais elles sont moins magnifiques : on leur voit peu de bagues et de pierreries ; c’est l’ornement des hommes. Elles n’ont pour collier qu’une petite chaîne d’or, que leurs maris leur donnent le lendemain de leur noce, pour les faire souvenir, qu’elles sont leurs premières esclaves.

La noblesse, dans le royaume de Macassar, n’est pas, comme dans la plus grande partie