Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si hauts, qu’on n’atteindrait pas avec une pique à cette espèce de nid. Ils s’y retirent la nuit à l’aide d’une perche qui leur sert d’échelle. Les Dapitans, qui font aussi comme une nation séparée, surpassent toutes les autres par le courage et la prudence. Ils ont puissamment assisté les Espagnols dans la conquête des îles voisines.

L’intérieur du pays est habité par des montagnards qui ne descendent jamais sur les côtes. On y trouve aussi quelques noirs. Tous ces insulaires sont idolâtres ou mahométans ; plusieurs n’ont aucune religion. Leurs maisons de bois sont couvertes de joncs. La terre leur sert de siéges, les feuilles d’arbre de plats, les cannes de vases, et les cocos de tasses.

Les usages des nations qui habitent les montagnes sont beaucoup plus barbares que ceux des mahométans. Un père qui rachète son fils de l’esclavage en fait son propre esclave ; et les enfans exercent la même rigueur à l’égard de leur père. Le moindre bienfait donne droit parmi eux sur la liberté d’autrui ; et pour le crime d’un seul ils réduisent toute une famille à l’esclavage. Ils ne connaissent point l’humanité pour les étrangers. Ils ont le vol en horreur, mais l’adultère leur paraît une faute légère qui s’expie par quelque amende. Ils punissent l’inceste au premier degré, en mettant le coupable dans un sac et le jetant au fond des flots. Jamais une nation ne s’arme contre une autre ; mais les particuliers qui ont à venger