Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque injure s’efforcent par toutes sortes de voies d’ôter la vie à ceux dont ils se croient offensés, sans autres lois dans leurs querelles que le pouvoir ou la force des adversaires. Le plus faible a recours aux présens pour arrêter les poursuites. Celui qui se propose de commettre un meurtre commence par amasser une somme d’argent pour se mettre à couvert de la vengeance, s’il redoute les parens de l’ennemi dont il veut se défaire. Après cette expédition, il est mis au rang des braves, avec le droit de porter un turban rouge. Cette cruelle distinction, qui est établie parmi les Soubanos, a plus d’éclat encore dans la nation des Caragos , où, pour obtenir l’honneur de porter la marque des braves, c’est-à-dire le baxacho, turban de diverses couleurs, il faut avoir tué sept hommes.

Les deux rois maures de Mindanao administrent la justice par le moyen d’un gouverneur qui porte le nom de zarabandal ou sabandar : cette charge est la première dignité dans les deux cours. On y distingue les degrés de noblesse. Touam est le titre des grands ; orancaie est celui des personnes riches qui sont seigneurs d’un certain nombre de vassaux. Les princes du sang royal se nomment cacites. En général, les simples sujets ont beaucoup à souffrir de l’oppression des grands, parce que l’autorité souveraine est trop faible pour réprimer cette tyrannie.

On vante la magnificence et la piété des ma-