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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/354

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gnés. Les femmes du plus haut rang ont la liberté de converser publiquement avec leur hôte, de lui offrir leur amitié, et de lui envoyer du bétel et du tabac.

La capitale de l’île porte aussi le nom de Mindanao. Sa situation est dans le midi de l’île, à 7 degrés 20 minutes de latitude septentrionale, sur les bords d’une petite rivière qui n’est qu’à deux milles de la mer. Les maisons y sont d’une forme extrêmement singulière : on les élève sur des pilotis qui ont jusqu’à vingt pieds de hauteur, plus ou moins gros, suivant l’air de magnificence qu’on veut donner à l’édifice ; aussi n’ont-elles qu’un étage divisé en plusieurs chambres, où l’on monte de la rue par des degrés.

Le palais du sultan est distingué par sa grandeur. Il est assis sur cent quatre-vingts gros piliers, beaucoup plus hauts que ceux des maisons ordinaires, avec de grands et larges degrés par lesquels on y monte. On trouve dans la première chambre une vingtaine de canons de fer placés sur leurs affûts. Le général et les grands ont, comme le roi, de l’artillerie dans leurs hôtels. À vingt pas du palais, on distingue un petit bâtiment élevé aussi sur des piliers, mais à trois ou quatre pieds seulement. C’est la salle du conseil, et celle où l’on reçoit les ambassadeurs et les marchands étrangers ; elle est couverte de nattes fort propres, sur lesquelles tous les conseillers sont assis les jambes croisées.