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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/63

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Flamands, tous assez humainement traités du roi et des seigneurs.

Cependant l’abondance et la liberté dont Pyrard jouissait ne l’empêchèrent pas de tomber dans une fièvre ardente, qui est la plus dangereuse maladie du pays. Elle est connue dans toute l’Inde sous le nom de maléons ou fièvre des Maldives. Un étranger qui échappe à sa malignité passe pour naturalisé dans ces îles, et reçoit le nom de Dive, qui est celui des habitans. La fièvre ne l’eut pas plus tôt quitté, que ses jambes et ses cuisses s’enflèrent comme dans l’hydropisie. Ses yeux s’affaiblirent jusqu’à lui faire craindre de perdre entièrement la vue ; il lui resta une opilation de rate qui lui rendait la respiration difficile, et dont il ne fut jamais délivré parfaitement pendant tout son séjour aux Maldives. Ce mal est commun parmi les habitans, qui le nomment ont cori. Les médecins et les remèdes ne manquaient pas à Pyrard ; mais il n’en reçut aucun soulagement, jusqu’à ce que, ses jambes s’étant crevées, les eaux qui en causaient l’enflure s’évacuèrent d’elles-mêmes, et ses yeux reprirent leur ancienne force. Il se forma néanmoins dans ses jambes des ulcères si profonds et si douloureux, qu’il en perdit le sommeil : il passa quatre mois dans cette situation.

Le roi ne cessait de s’intéresser à la santé de Pyrard, et de le faire traiter avec beaucoup de soin. Il fit venir d’une petite île nommée Bandou, qui est à la vue de celle de Malé,