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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/84

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embarqués pour le Portugal, et les autres avaient pris parti dans les troupes de la même nation.

Le général, satisfait des services de Pyrard dans l’île de Ceylan, lui avait promis sa recommandation auprès du vice-roi pour lui faire obtenir la liberté de retourner en Europe au départ des caraques. Ses compagnons étant compris dans cette promesse, ils formaient tous trois les mêmes vœux pour l’heureuse navigation de la flotte, et le moindre vent qui pouvait l’éloigner de Goa leur causait de mortelles alarmes. Ils y arrivèrent enfin ; mais, tandis qu’ils se repaissaient de leurs espérances, le vice-roi, sur quelques défiances qu’il conçut des étrangers qui se trouvaient dans la ville, fit arrêter tous ceux qui n’étaient pas venus aux Indes dans les navires de Portugal. Quelques Anglais arrivés nouvellement furent conduits les premiers dans une étroite prison, et les trois Français ne furent pas exempts du même sort. Il fallut encore avoir recours aux jésuites, qui recommencèrent leurs sollicitations à la cour du vice-roi. Pyrard nomme le P. Gaspar Aléman, qu’on honorait du titre de père des chrétiens ; le P. Thomas Stevens, Anglais de nation ; le P. Jean de Cènes, de Verdun ; le P. Nicolas Trigault, de Douai ; le P. Étienne de la Croix, de Rouen. Leur zèle fut si actif et si pressant, que dans l’espace de six semaines il fit ouvrir aux trois Français les portes de leur prison.

Avant la fin de l’hiver, on vit arriver au port