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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/85

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de Goa quatre grandes caraques, chacune du port d’environ deux mille tonneaux. Quatre mois furent employés à les réparer. Elles furent équipées pour le retour, et chargées de poivre. Don Antoine Furtado de Mendoza, qui sortait de l’administration, en devait prendre le commandement jusqu’à Lisbonne. On était persuadé que ce seigneur, qui était malade depuis long-temps, avait été empoisonné par la main d’une femme : l’usage des poisons lents est commun dans les Indes. C’était néanmoins un des plus grands hommes que le Portugal eût employés dans la dignité de vice-roi. Il était venu fort jeune à Goa, et la fortune l’avait accompagné dans toutes ses guerres. Le roi d’Espagne ne l’avait rappelé que sur sa réputation, et par le désir de voir un sujet dont il avait reçu d’importans services. Aussi promettait-il au peuple, dont il était adoré, de revenir aux Indes lorsqu’il aurait satisfait aux ordres du roi ; mais il n’acheva pas son voyage ; la mort le surprit sur mer à la vue des îles Açores.

Le passe-port de Pyrard et de ses compagnons contenait seulement un ordre aux officiers de la quatrième caraque de les faire embarquer avec leur bagage, et de leur donner une certaine mesure d’eau et de biscuit, telle qu’elle est réglée pour les mariniers. Le roi fournissait toutes les commodités à ceux qui allaient aux Indes ; mais il n’accordait que du biscuit et de l’eau à ceux qui en revenaient, dans la crainte que trop de facilité pour le re-