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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/107

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fut toujours accompagnée d’un mélange de douceur. Lorsqu’ils avaient été déchirés à coups de fouet dans leur prison, on les faisait passer dans des chambres plus commodes, où diverses personnes associées pour les exercices de charité, venaient panser leurs blessures, et ne leur refusaient aucune sorte de soulagement ; mais les châtimens n’en étaient pas moins recommencés après leur guérison, et de onze qu’ils étaient encore, deux moururent dans cette alternative de caresses et de tourmens.

On les conduisit à Pékin, où ils restèrent deux mois, et le treize janvier 1544, en vertu d’une sentence du tribunal suprême, Pinto est mené avec ses compagnons dans la ville de Quansy, pour y servir pendant le temps auquel ils étaient condamnés. Il paraît qu’après avoir été justifiés des principales accusations, le seul crime qui leur attirait ce châtiment, était d’avoir pénétré dans l’intérieur de l’empire sans une permission de la cour. En arrivant à Quansy, un prince tartare, qui faisait sa résidence en cette ville, souhaita qu’ils lui fussent présentés, et, leur ayant fait diverses questions, ils les mit au nombre de quatre-vingts hallebardiers que l’empereur lui accordait pour sa garde. C’était une faveur du ciel, parce que cet emploi n’était pas pénible, et qu’outre la douceur de leur condition, ils étaient sûrs de la liberté à l’expiration du terme. Mais, tandis qu’ils attendaient une meilleure fortune et qu’ils vivaient entre eux