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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/106

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ordonna que nous fussions bien traités ; et prenant occasion de nos disgrâces pour instruire son fils, il lui fit un discours fort touchant sur les misères humaines, et sur le bonheur qu’il avait d’en être à couvert, par sa naissance et sa fortune. Ensuite, nous ayant fait donner trois pièces de toile de lin et quatre taëls en argent, il nous proposa de passer la nuit dans sa maison, parce que le jour était trop avancé pour nous mettre en chemin. Nous acceptâmes ses offres avec autant d’admiration que de reconnaissance pour une générosité dont les exemples sont rares en Europe. »

Ils continuent à voyager dans l’empire de la Chine, de pays en pays ; mais n’ayant pu éviter une ville nommée Taïpol, ils y furent aperçus par un de ces intendans de justice que la cour envoie quelquefois dans les provinces, et saisis par son ordre comme des vagabonds qui pouvaient troubler la tranquillité publique. Il était arrivé dans ce canton quelques désordres dont ils furent accusés. Ils furent enfermés dans une étroite prison, où pendant vingt-six jours ils éprouvèrent les plus rigoureux traitemens. Cependant, comme le droit des sentences capitales n’appartient point aux tribunaux inférieurs, ils furent conduits par différens degrés jusqu’à la ville impériale, et condamnés enfin, suivant les usages du pays, à servir l’état en qualité d’esclaves pendant l’espace d’un an. Cette sévérité