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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/111

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soixante-dix mille chevaux était déjà venu se poster dans la forêt de Malicataran, éloignée de Quansy d’environ deux lieues, sous la conduite d’un général tartare, ou nauticor, dont le dessein était apparemment d’attaquer la ville, où l’on pouvait arriver dans l’espace de deux ou trois heures. Le tumulte ne fit qu’augmenter le reste de la nuit. Au lever du soleil, les ennemis se firent voir avec une contenance effroyable. Ils étaient divisés en seize escadrons ; leurs drapeaux écartelés de vert et de blanc, qui sont les couleurs du khan de Tartarie. Dans cet ordre, ils s’approchèrent des murailles en poussant des cris affreux ; ils dressèrent plus de deux mille échelles qu’ils avaient apportées ; et montant de toutes parts avec autant de légèreté que de courage, ils commencèrent un assaut si terrible, que toute la résistance des assiégés ne put les arrêter long-temps. Les portes furent enfoncées, et toute la ville fut bientôt remplie de ces barbares, qui firent main basse sur les habitans, sans distinction d’âge ni de sexe. Le massacre dura sept jours, après lesquels, s’étant contentés jusque-là d’enlever l’or et l’argent des maisons et

    six cent mille étaient de cheval, avec un prodigieux nombre de rhinocéros qui tiraient les chariots du bagage. Quant aux douze cent mille hommes de pied, on les tenait arrivés par mer en dix-sept mille vaisseaux. » On peut soupçonner quelque exagération dans ce récit ; mais au fond rien n’est mieux prouvé, du temps immémorial, que le prodigieux nombre de combattans qui ont toujours composé les armées d’Orient. Observez que le récit de Pinto est antérieur à la conquête de la Chine par les Tartares.