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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/113

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de considération qui avait la garde des prisonniers, entendant raisonner les Portugais sur l’entreprise qui occupait toute l’armée, leur demanda si l’on faisait la guerre dans leur pays, et s’ils avaient de l’inclination pour les armes. Un d’entre eux, nommé George Mendez, répondit avec assez de vérité que toute leur vie s’était passée dans les combats, et que depuis l’enfance ils n’avaient pas eu d’autre profession. Si dans une si longue expérience, repris le Tartare, vous aviez appris quelque moyen de prendre le château, il n’y a point de faveurs que vous ne puissiez attendre du général. Alors George Mendez, sans considérer à quoi sa présomption pouvait l’exposer, assura fort hardiment que, si le nauticor voulait s’engager au nom du khan, par un écrit signé de sa main, à le faire conduire avec ses compagnons dans l’île d’Aynan, pour retourner de là dans leur pays, il se croyait capable de lui faire aisément surmonter toutes les difficultés du siége. Cette offre fut reçue avidement de l’officier, qui se hâta d’en donner avis au général. Reprenons ici le récit de Pinto.

« Pendant qu’on informait le conseil du discours de Mendez, nous demeurâmes si surpris de son audace, qu’appréhendant déjà la vengeance des Tartares, nous lui reprochâmes amèrement de s’être rendu l’instrument de notre perte par des promesses que nous n’étions pas capables de remplir. Il nous répondit, avec une confiance qui augmenta notre admiration,