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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/141

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chi-Cogis venus du bout du monde, gens de mérite et d’honneur, qui lui avaient parlé d’un autre monde plus grand que celui qu’on connaissait au Japon, et peuplé d’une race d’hommes dont ils lui avaient raconté des choses incroyables, il le priait très-instamment de lui envoyer un de ces trois étrangers pour le consoler dans les douleurs d’une longue maladie. Il ajoutait que, si notre inclination ne nous portait point à ce voyage, il s’engageait à nous renvoyer avec sûreté lorsque nous commencerions à nous ennuyer dans sa cour.

» Le nautaquin nous dit après cette explication que le roi de Bungo était non-seulement son oncle maternel, mais son père même, parce qu’il l’était de sa femme ; et que, dans la passion qu’il avait de l’obliger, il conjurait l’un de nous d’entreprendre un voyage court et peu pénible ; mais qu’il ne souhaitait pas que ce fût Zeimoto, qu’il avait adopté pour son parent, et dont l’éloignement le chagrinerait beaucoup avant qu’il eût appris de lui à tirer de l’arquebuse. Une invitation si douce et si polie nous pénétra de reconnaissance, Borralho et moi. Nous lui abandonnâmes le choix de celui des deux qu’il jugeait le plus convenable à ses vues. Il ne se détermina pas tout d’un coup ; mais, après quelques momens de réflexion, il me nomma comme le plus gai, et par conséquent le plus propre au commerce des Japonais, qui ont naturellement l’humeur